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Lire l’Édito 2015 - 2016

 

Tout le monde sur le pont !

Ça commence à marée basse. Mais c’est pour rire. D’ailleurs, même quand on y pleure, c’est pour de rire. Distanciation ? Allez savoir, avec tous ces zauteurs qui se bousculent au portillon ! Entre stages et ateliers, soupes de lectures et sorties de résidence, Corneille vient s’y frotter à Laurent Gaudé, Brecht à Rémi De Vos, Feydeau à Roland Dubillard, Perrault à Daniel Soulier... De quoi se mettre, à l’heure du choix, cartel en tête !
Normalement, ça aurait dû commencer comme ça : « Il était une fois un pauvre enfant ». Mais pas question d’impliquer ce pauvre enfant dans L’affaire Poucet : faut pas pousser trop loin la manie des passerelles, même si un souci de cohérence conduit à claironner : « Sacékripa ! » en proposant un stage d’écriture et un concert de mots... ! Cela dit, si ça s’écrit pas, ça se chante, ça se danse... et ça se parle : Fragmentspar-ci, Diabloguespar là, on est pas des zazous, mais on jase, on jase et on fait la java. Bref, après la marée basse, la haute mer transformerait-elle le Théâtre de la Grange en bateau ivre ?
Si bateau il y a, tout le monde est sur le pont à oeuvrer pour que vive le spectacle ; et si l’ivresse le secoue, c’est celle de la création que stimule un grain de folie. N’empêche que la raison veille à ce grain-là, pour éviter qu’il ne vire à la nef des fous. Elle rappelle qu’avant de céder à un lyrisme échevelé il serait plus “raisonnable” de remercier ceux grâce à qui le navire reste à flot : bénévoles et salariés de l’association, intermittents, Conseil départemental, DRAC, Conseil régional, Direction départementale de la cohésion sociale... et, bien sûr, ville de Brive.
Autrefois, un pont à treize arches enjambait les marécages malsains de la Guierle. Comment mieux s’intégrer au paysage culturel de Brive (la villepont) qu’en y construisant des passerelles ? Aller vers les gens du quartier, proposer des spectacles qui parlent de l’Homme et de l’état du monde, mêler amateurs et professionnels pour un théâtre qui flirte avec la danse, le chant, la poésie, le cinéma... c’est participer de façon modeste à la construction de ces mille ponts ou passerelles dont on rêve pour enjamber les marécages de la haine, de la peur, du repli qu’on voit s’étendre un peu partout.
C’est aussi une façon de prolonger l’oeuvre de Supervielle (L’Enfant de la haute mer) à qui Rilke écrivait : « Vous êtes un grand constructeur de ponts dans l’espace. Vos arches sont vivantes. »

Pour le Théâtre de la Grange

Robert Birou

 
 

 
 
 
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  Mis à jour le vendredi 4 août 2017